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Une apprentie esthéticienne malentendante
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Véronique Verbeke a toujours été sensible au manque de considération envers les personnes handicapées. "Pas grand chose n'est encore fait pour les aider, et ce sont encore souvent des bêtes curieuses. Pourtant, n'importe qui d'entre nous peut devenir handicapé." Alors quand l'IRPA, institut spécialisé à Ronchin pour les sourds et malentendants, est venue frapper à la porte de son institut de beauté "Corinne", avenue Delescaux, pour lui demander d'accueillir une apprentie malentendante, c'est assez rapidement qu'elle a pris sa décision. "Elle a fait un stage d'observation, puis je lui ai fait un petit contrat l'été, puis, comme elle bossait vraiment bien, un contrat d'apprentissage en septembre dernier."
Depuis, Anaïs De Weireld rayonne. Cette jeune lambersartoise de 18 ans, devenue sourde profonde à l'âge de 3 ans et demi, était déscolrisée, après avoir arrêté un BEP comptabilité. L'IRPA l'a aidée à trouver sa voie |
Anaïs est enchantée de son travail à l'institut. |
en lui proposant divers stages d'observations en esthétique et en vente. "C'était vraiment l'esthétique qui me plaisait. En plus, dans mon CAP, je me suis fait de vraies copines, enfin ".
Mais permettre à Anaïs de prendre sa place n'a pas été de tout repos ni pour la jeune fille, ni pour l'esthéticienne. Si Anaïs, qui est appareillée, lit sur les lèvres et parle -car elle n'est pas née sourde-, il a fallu qu'elle prenne des cours d'orthophonie, pour améliorer son élocution et surtout son vocabulaire. "Elle a beaucoup progressé", souligne Véronique Verbeke.
Il a fallu aussi mettre en place dans l'institut du matériel spécialisé : un vibreur que porte Anaïs et qui lui indique quand on sonne à la porte du salon, et un système de téléphone amplifié. "Pour le financement, qui est total, je me suis adressée à Cap Emploi qui m'a renvoyée sur l'association REMORA. On m'a envoyé un ergonome, on a eu du matériel à prêter... Une fois le choix fait, il a fallu attendre le financement qui est tombé en janvier, mais j'avais acheté les appareils début décembre".
Enfin, il a fallu gérer le relationnel avec les clientes. "ça a été très dur avec certaines personnes, on a entendu des choses vraiment désagréables... Mais comme on a beaucoup d'habituées, elles sont maintenant au courant."
Son avenir, Anaïs le voit donc en rose : "avoir mes diplômes, et pourquoi pas ouvrir un salon ?". Quant à Véronique Verbeke, elle souligne : "ce n'est pas moi qu'il faut saluer, c'est elle qui fait les efforts, elle est travailleuse, motivée... Il faut que les artisans et commerçants sachent que c'est possible de former une personne handicapée et que ça se passe bien! ". |
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Source : Magazine municipale n°46 - Avril 2008 - Lambersart |
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